Baudelaire - Chanson d'après-midi
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n'est pas celui d'un ange
Sorcière aux yeux alléchants,Je t'adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.Le désert et la forêt
Embaumant tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l'énigme et du secretSur ta chair le parfum rôde
Comme autour d'un encensoir;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuses et chaudeAh ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !