Honoré d'Urfé - Sonnet d'Hylas

Quand je vois un amant transi
Qui languit d'une amour extrême,
L'oeil triste, et le visage blême,
Portant cent plis sur le sourcil ;

Quand je le vois plein de soucis,
Qui meurt d'Amour sans que l'on aime,
Je dis aussitôt en moi-même :
"C'est un grand sot d'aimer ainsi."

Il faut aimer, mais que la belle
Brûle pour qui brûle pour elle,
Ou bien c'est pure lâcheté.

L'Amour de l'Amour est extraite ;
La charge n'est jamais bien faite,
Qui penche toute d'un côté.