Ronsard - Amours de Cassandre

Amour me tue, et si je ne veux dire
Le plaisant mal que ce m'est de mourir,
Tant j'ai grand-peur qu'on veuille secourir
Le doux tourment pour lequel je soupire.

Il est bien vrai que ma langueur désire
Qu'avec le temps je me puisse guérir ;
Mais si je ne veux ma Dame requérir
Pour ma santé, tant me plaît mon martyre.

Tais-toi langueur, je sens venir le jour,
Que ma maîtresse après si long séjour,
Voyant le mal que son orgueil me donne,

Qu'à la douceur la rigueur fera lieu,
En imitant la nature de Dieu,
Qui nous tourmente, et puis il nous pardonne.